Open thematic sessions > Radicalizing entrepreneurship for strong sustainabilityContact pour soumission de communication
Amira Laifi : alaifi@em-normandie.fr
Christian Makaya : cmakaya@hotmail.com
Cadrage et objectif de la session
Pouvons-nous nous contenter d’un entrepreneuriat de réparation, d’aménagement des projets par l’ajout de dimensions écologiques et sociales, d’approches centrées sur une économie de la fonctionnalité ou de la circularité face à l’urgence de redirection et justice socio-écologique ?
Dans un contexte mondial de plus en plus fragmenté, où les inégalités socio-économiques s'accroissent, les défis environnementaux s'intensifient et les tensions sociales se multiplient, l'entrepreneuriat est de plus en plus reconnu non seulement comme un vecteur de croissance économique mais aussi comme une force motrice de changement social et environnemental (par exemple : Muñoz et Cohen, 2018 ; Korsgaard et Anderson, 2021). Shepherd et Patzelt, (2020), invitent ainsi à examiner comment les entrepreneurs innovent en réponse aux défis environnementaux et sociaux, en traçant de nouveaux chemins qui remettent en question le statu quo et comment l'entrepreneuriat peut jouer un rôle clé dans l'élaboration de solutions durables et justes, en intégrant des préoccupations sociales et environnementales au cœur des modèles d'affaires. George et al. (2016) appellent à une réorientation de la recherche en gestion pour s'attaquer aux grands défis sociétaux, y compris à travers l'entrepreneuriat et soulignent le rôle crucial que peut jouer l'entrepreneuriat dans l'identification et l'application de solutions innovantes à des problèmes complexes tels que la pauvreté, la dégradation de l'environnement et l'exclusion sociale.
Toutefois ces approches s’avèrent fréquemment compatibles avec l’ordre établi et certaines hypothèses fortes du paradigme dominant. Elles tendent parfois à héroïser la pratique entrepreneuriale, même sociale, toujours salvatrice, et mettent de côté leurs possibles effets toxiques. Elles méritent alors d’être complétées en proposant des conceptions de l'entrepreneuriat comme une forme radicale de changement social, comme l’ont envisagé très tôt les perspectives féministes, en questionnant les possibilités de remise en cause des structures de domination établies (Calas, et al. 2009).
Notre session constitue un appel à radicaliser les recherches en entrepreneuriat en même temps qu’à mettre au jour et expérimenter des pratiques entrepreneuriales radicales à la hauteur des enjeux.
Dans la continuité des approches critiques en entrepreneuriat, nous invitons les chercheuses et chercheurs à questionner et défier des hypothèses fondamentales empreintes de technoscience entrepreneuriale et ayant façonné le champ de l’entrepreneuriat en contribuant à la (re)production d’un « monde mauvais » et des formes de domination et d’exclusion sociale, raciale et de genre, à l’invention de « communs négatifs » de nouvelles vulnérabilités par la dépossession de toutes les formes du vivant. Comment éviter, ce faisant, l’émergence d’un entrepreneuriat de transition porté par de nouvelles élites entrepreneuriales ? Nous accueillons les contributions qui visent à mettre au jour, donner corps à ou cocréer des alternatives viables et vivables, à explorer des initiatives de changement systémique nécessaires au développement d’écosystèmes favorables à la radicalisation de l'agir entrepreneurial, ainsi qu’à comprendre l’entrepreneuriat, dans ses dimensions politique et relationnelle, comme un ensemble émergent de pratiques activistes, de brèches ouvertes dans le système dominant. Au service d’une durabilité forte, la session s’intéresse également aux manières dont l’entrepreneuriat peut (ré)assembler et réconcilier les vivants et accueillir la pluralité des mondes. Finalement, les chercheuses et chercheurs sont invités à explorer, dans une perspective libératrice, les épistémologies critiques, décoloniales et féministes et leurs formes d’écriture associées, de nouveaux registres de recherche et toutes les formes d’alliance, qu’elles s’inscrivent dans le champ de la pédagogie, du soutien entrepreneurial, des arts ou des sciences humaines, physiques, médicales ou naturelles.
En somme, nous convions les chercheuses et chercheurs à :
Références
Bonnet, E., Landivar, D. et Monnin, A. (2021). Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement. Paris : Editions Divergences.
Calás, M. B., Smircich, L., & Bourne, K. A. (2009). Extending the Boundaries: Reframing “Entrepreneurship as Social Change” through Feminist Perspectives. The Academy of Management Review, 34(3), 552–569.
Dey, P., Fletcher, D. & Verduijn, K. (2023). Critical research and entrepreneurship: A cross-disciplinary conceptual typology, International Journal of Management Reviews. 25(1), 24-51.
Eberhart, R.N., Lounsbury, M. & H. E. Aldrich, (2022) (Eds.). Entrepreneurialism and society: Consequences and meanings (Research in the sociology of organizations, Vol. 82). Emerald.
George, G., Howard-Grenville, J., Joshi, A., & Tihanyi, L. (2016). Understanding and tackling societal grand challenges through management research. Academy of Management Journal, 59(6), 1880–1895.
Germain, O. (2023). Les entrepreneurs ont-ils cru dans leur(s) mythe(s) ? Mettre en dialogue l’entrepreneuriat et l’effondrement. Management International, 27(spécial), 13–17.
Germain, O., Laifi, A. et Blum, V. (2021). L’entrepreneuriat est… une industrie. A propos de la (re)production des entrepreneurs, Entreprendre et Innover, 2021/4, 51, 76-80.
Hjorth, D. (2013). Public entrepreneurship: desiring social change, creating sociality, Entrepreneurship & Regional Development, 25:1-2, 34-51.
Jones C., Murtola A-M. (2012), Entrepreneurship, Crisis, Critique. In: Hjorth D. (Ed.) Handbook of Organizational Entrepreneurship. Cheltenham: Edward Elgar, 116-133.
Jones, C., Murtola, A. M. (2012). Entrepreneurship and expropriation. Organization, 19(5), 635-655.
Keim, J., Müller, S., Dey, P. (2024). Whatever the problem, entrepreneurship is the solution! Confronting the panacea myth of entrepreneurship with structural injustice. Journal of Business Venturing Insights, 21, e00440. 10.1016/j.jbvi.2023.e00440
Korsgaard, S., & Anderson, A. R. (2011). Enacting entrepreneurship as social value creation. International Small Business Journal, 29(2), 135-151.
Lindbergh, J., Berglund, K., & Schwartz, B. (2022), Alternative entrepreneurship: Tracing the creative destruction of entrepreneurship. In M. M. & H .J. Schau (Eds.), How alternative is alternative? The role of entrepreneurial development, form, and function in the emergence of alternative marketscapes (pp. 29-55) Advances in the study of entrepreneurship, innovation and economic growth, Vol. 29. Emerald.
Makaya, S.C. (2023). Incidence de la posture interactionnelle de l’enseignant en entrepreneuriat sur la soutenabilité de la génération de connaissances : une approche écosystémique. Thèse de doctorat en sciences de gestion. Université Paris Nanterre.
Malm, A. (2023). Avis de tempête : Nature et culture dans un monde qui se réchauffe (trad. de l'anglais), Paris, La Fabrique, octobre, 240 p.
Muñoz, P. & Cohen, B. (2018). Sustainable Entrepreneurship Research: Taking Stock and looking ahead. Business Strategy and the Environment, 27(3), 300-322.
Murtola, A.-M. (2020). Entrepreneurship ad absurdum, In: Örtenblad, A. (Ed.). (2020). Against entrepreneurship: A critical examination. Palgrave Macmillan, 93-110.
Shepherd, D. A., & Patzelt, H. (2022). A Call for Research on the Scaling of Organizations and the Scaling of Social Impact. Entrepreneurship Theory and Practice, 46(2), 255-268. Weiss, T., Eberhart, R., Lounsbury, M., Nelson, A., Rindova, V., Meyer, J., Bromley, P., Atkins, R., Ruebottom, T., Jennings, J., Jennings, D., Toubiana, M., Shantz, A. S., Khorasani, N., Wadhwani, D., Tucker, H., Kirsch, D., Goldfarb, B., Aldrich, H., & Aldrich, D. (2023). The Social Effects of Entrepreneurship on Society and Some Potential Remedies: Four Provocations. Journal of Management Inquiry, 32(4), 251-277. |
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