Sessions thématiques ouvertes > Instituer la transition par la quantification ? Potentiels et limites des indicateurs économiques verts

Contact pour soumission de communication

Félicien Pagnon : felicien.pagnon@kedgebs.com

Tom Duterme : tom.duterme@ichec.be

 

Cadrage et objectif de la session

 

Prendre la mesure du péril écologique, prendre des mesures contre le péril écologique : la perception d’un problème public par les institutions et leur capacité à y répondre est intimement liée à la question de la mesure. De surcroît, le terme de transition (énergétique, écologique) suppose la référence à des métriques : quantité de gaz à effets de serre dans l’atmosphère, ressources pétrolières, métaux rares, niveaux de biodiversité, etc. Qu’ils se présentent sous la forme de classements, d’indices de référence ou d’objectifs chiffrés, les indicateurs jouent à l’évidence un rôle prépondérant dans la transition. Ils permettent de mesurer un phénomène, son évolution, d’évaluer une action en faveur de l’environnement, de dresser des scenarii prospectifs, et plus généralement servent de référentiels cognitifs, de mental maps pour penser l’environnement, imaginer des futurs alternatifs, proposer des mesures politiques, et in fine contribuer à la transition écologique. 

 

Ce panel se propose d’interroger le rôle des outils quantitatifs dans la transition : en quoi les indicateurs “verts” se présentent-ils ou non comme des supports pour celle-ci ? Quels sont leurs potentiels et leurs limites ? Les nombreux développements qu’offre la littérature de sciences sociales au sujet de la quantification invitent à questionner le rôle de ce processus spécifique dans la dynamique de la transition écologique. Il s’agira d’interroger le rôle des grandeurs quantifiées comme “institutions” (quantification des phénomènes environnementaux, par exemple), mais également comme véhicules d’institutionnalisation (métriques soutenant la stabilisation du système d’échanges de quotas, par exemple). L’enjeu de la conflictualité pourra également être discuté : la contestation des métriques instituées, par des “contre-expertises” porteuses d’autres voies institutionnelles (alternatives au PIB, notations extrafinancières…), mérite en effet l’intérêt des sciences sociales.  

 

Ce panel aspire ainsi à réunir les chercheuses et chercheurs autour d’un objet d’investigation (le rôle des indicateurs dans la transition écologique), plutôt qu’une orientation théorique. Les présentations pourront donc puiser leur inspiration dans une multitude de perspectives, de la sociologie de la quantification conventionnaliste à l’économie institutionnaliste, en passant par l’étude pragmatiste des controverses et la sociologie bourdieusienne des rapports de force. 

 

 Références bibliographiques 

 

Desrosières, A. (2009). Gouverner par les nombres. L’argument statistique II, Presses des Mines. 

 

Desrosières, A. (2014). Prouver et gouverner, La découverte.  

 

Diaz-Bone, R. and de Larquier, G. (2020), Handbook of Economics and Sociology of Conventions, Springer.  

 

Davis, Kevin E., Angelina Fisher, Benedict Kingsbury, et Sally Engle Merry (dir.) 2012. Governance by indicators: global power through quantification and rankings, Oxford University Press. 

 

Edwards, P. (2013). A Vast Machine. Computer Models, Climate Data, and the Politics of Global Warming, The MIT Press.  

 

Fichtner, J., Jaspert, R., & Petry, J. (2023). Mind the ESG capital allocation gap: The role of index providers, standard-setting, and “green” indices for the creation of sustainability impact. Regulation & Governance. https://doi.org/10.1111/rego.12530.

 

Hoeckstra, R. (2019). Replacing GDP by 2030. Towards a Common Language for the Well-being and Sustainability Community, Cambridge University Press.

 

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